Mon métier,
c’est de former des gens heureux.
La magie du web, c’est aussi de créer des connexions fortes avec des personnes à l’autre bout du monde. J’ai rencontré Georges Gravé par le biais du site professionnel Viadeo, et à la lecture de son incroyable parcours, il me fallait absolument l’interviewer pour mon blog.
Directeur de la formation et du développement personnel dans un hôtel 5* aux Seychelles, Consultant pour l’ouverture du 1er village français conçu pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, Responsable de la pédagogie de la prestigieuse école de Savignac, Responsable des bénévoles d’une unité de soins palliatifs, Premier maître d’hôtel au Ritz…
Un parcours de haute voltige entièrement dédié au service de l’autre, qui se devait d’être mis en lumière. Pourtant, avec ses 10000 et quelques contacts, ma demande risquait bien de passer inaperçue. Loin de là.
Parce que finalement, tout dans sa vie et sa manière d’être transpire le luxe d’être soi, Georges Gravé s’est prêté avec beaucoup de générosité au jeu de l’interview et a pris grand soin de répondre à chacune de mes questions. Une Rencontre que je considère comme collector, tant ses mots font sens ici. A tous ceux qui cherchent une définition du luxe d’être soi, elle est ICI !
Bon voyage…
Georges, racontez-nous votre incroyable parcours de vie…
J’ai reçu une éducation simple, avec une maman qui a arrêté de travailler les 5 premières années de ma vie pour bien baliser le futur parcours (merci Maman). La première phrase que j’ai dite quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard fut : “Je veux servir et aider les gens”.
Et c’est ce que j’ai toujours fait dans ma vie jusqu’à aujourd’hui. Une grande chance, car je ne me suis jamais ennuyé une seule seconde, je ne me suis jamais réveillé un seul matin en me disant “Zut, il faut que j’aille bosser”. Je suis incapable de répondre à la question “Que fais-tu pour les vacances ?”.
J’ai donc fait une école hôtelière, c’était ma façon d’apprendre à servir les autres, et j’ai fait carrière dans cette industrie du voyage, du loisir, de la gastronomie et de la grande hôtellerie, en passant par de grandes maisons comme le Ritz de Paris. SERVIR, et pas servitude.
Certains ont besoin d’aller en Inde dans des âshrams pour découvrir leur vie spirituelle, moi je l’ai découverte à travers mon métier.
Le jour où j’ai compris
qu’il allait me falloir
servir les gens sans les juger,
j’ai découvert le secret du métier
et un des secrets de la vie
Très jeune, j’ai ouvert le premier restaurant français de Cologne et j’étais lancé sur une grande carrière sans failles… Mais heureusement, un rêve et une rencontre m’ont fait comprendre que je devais partir découvrir le monde.
A suivi un voyage initiatique de deux ans (à travers l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, le Népal et le Tibet), où j’ai vraiment compris ce que voulait dire le mot Servir. Je n’ai eu de cesse par la suite de continuer ma passion de ce métier, et l’autre côté de la rive, la découverte de soi, qui débouche inévitablement sur le luxe d’être soi.
10 ans en tant que Premier maître d’hôtel au Ritz à Paris, en étant en parallèle responsable des bénévoles de la 1ère unité de soins palliatifs en France, 18 ans en tant que directeur de pédagogie à l’école de Savignac.
J’ai créé et dirigé l’une des écoles de management hôtelier les plus côtées de France avec la vision de former des Managers heureux de vivre. Je n’avais jamais été directeur d’école, mais je suis toujours arrivé à faire des choses au bon moment, au bon endroit, avec les bonnes personnes.
Les choses arrivent quand elles doivent arriver, si nous sommes dans l’accueil et le recevoir. Et maintenant, le Maia aux Seychelles…
Comment vous êtes-vous retrouvé aux Seychelles dans cet endroit idyllique et quel est votre travail au quotidien ?
Il y a 18 ans, un de mes anciens étudiants ouvrait ce fantastique resort (NDLR, complexe hôtelier) dans lequel l’humain devait être au centre de l’aventure, et il cherchait un formateur capable d’enseigner l’amour. J’étais dans sa mémoire le seul à pouvoir le faire. J’y suis depuis 2007 Directeur de la formation et du développement personnel.
“take care of your staff
and they will take
care of your guest”
Voilà mon métier,
former des gens heureux
L’originalité du resort Maia est d’avoir mis l’accent sur une nouvelle forme de luxe, à savoir la recherche du plaisir émotionnel et la liberté personnelle dans un environnement naturel, grâce à un séjour d’un nouveau type : l’expérientiel, faisant appel aux cinq sens.
Parlez-nous de votre expérience en tant que responsable des bénévoles d’une unité de soins palliatifs. En quoi cela vous a enrichit sur le plan humain donc professionnel ?
Une expérience et une aventure absolument extraordinaires. Je travaillais aux soins palliatifs en parallèle du Ritz. Cela peut paraître complètement paradoxal, en fait non. Servir avec le cœur, donner de l’amour, de l’écoute et de l’attention, c’est la même chose en soins palliatifs qu’au Ritz.
Certes le costume change, les dialogues sont différents, mais c’est la même chose. Travailler dans une unité de soins palliatifs est une expérience magique de découverte de soi. Un lieu où il est impossible de tricher avec soi ou avec les autres.
Des moments intenses de vérité et d’humilité, car ce qui est important, c’est d’être soi et d’être vrai. De savoir respecter son émotion et les émotions des autres, et surtout de les partager.
On y apprend
qu’il n’y a plus de temps
à perdre en futilité,
chaque seconde est la seconde
la plus importante à vivre
Il faut savoir oublier ses propres désirs et le mot empathie prend toute sa signification. Et surtout le plus important à comprendre, c’est que c’est uniquement un travail d’équipe. Chaque rouage a son importance, et ainsi l’ego de chacun disparaît pour le bien être de l’autre.
Chaque mot doit être en cohérence avec sa pensée et ses actions. Mais surtout, ne pas croire qu’une unité de soins palliatifs est un endroit triste. Certes le deuil est présent, mais l’amour, la joie, les rires sont aussi là, et vraiment c’est un apprentissage de la vie d’avoir eu la chance d’être à cet endroit-là au bon moment.
Et une fois de plus, j’y ai rencontré des gens fantastiques qui m’ont enseigné l’art de vivre et de mourir.
Quel savoir souhaitez-vous transmettre
à travers votre manière d’être au quotidien ?
Etre heureux est un choix personnel, et ce n’est pas un hasard. Il faut travailler tous les jours à ce bonheur. Donner et recevoir, c’est le secret de notre métier et certainement le secret de la vie.
Ce qui est important, c’est aussi d’être en éveil sur le monde, tant au niveau technique qu’humain. Nous faisons un métier d’épicuriens et nous avons la chance de fréquenter les merveilleux produits de tous les terroirs du monde, et derrières ces terroirs il y a toujours des hommes passionnés.
Chaque rencontre vous nourrit. J’ai eu la chance de rencontrer de grands maîtres comme Lionel Poilâne (le boulanger le plus fou de la planète), Pierre Androuet (le pape du Fromage), ou encore Georges Lepré (l’ancien directeur des caves du Ritz), qui pouvait pleurer en débouchant un grand vin. Dans d’autres domaines, le professeur Cabrol, Marie de Henezel, le Dalaï Lama…
La grande hôtellerie,
c’est comme la haute couture,
un métier de rigueur,
un métier d’acteur
Savoir son texte peut demander des années de travail et de recherches, mais comme un acteur, la liberté est de savoir maîtriser sa prison, et alors seulement après ce long travail, nous avons peut être la chance de devenir un GRAND professionnel.
Dans ce métier, il nous est aussi donner l’opportunité de servir les grands de la planète, sportifs, politiques, stars de cinéma… Le secret pour durer et pour bien servir est tout simplement de savoir rester à sa place, et de maîtriser le luxe d’être soi.
Se connaître, avec ses forces et ses faiblesses, et surtout s’aimer. Il est strictement impossible de servir et d’aimer l’autre sans jugement, si nous ne commençons pas par se donner à soi-même de l’amour et du respect.
Qu’est qui vous passionne dans la vie ?
La vie en elle-même, découvrir l’imprévu de chaque jour, la rencontre de l’autre. La passion de mon métier, métier de magicien et de faiseur de rêves. Le goût de transmettre et de faire partager mes passions aux autres.
J’ai la chance en ce moment de vivre aux Seychelles, où les gens se disent encore bonjour en se croisant, où la lumière est tellement belle qu’il n’est pas rare d’arrêter la voiture, de descendre, de s’asseoir et juste de regarder, le cœur plein de beauté.
Quelle empreinte souhaitez-vous laisser auprès des gens ?
Strictement aucune ! Je m’explique : au début de ma carrière de formateur, je voulais absolument que mes élèves retiennent ou comprennent ce que j’avais à leur dire. J’ai mis des années à comprendre que j’étais dans l’erreur. Mon ego me dominait et j’avais la non humilité de croire que mon message, ou mon cours, ou mon conseil devait absolument être une vérité absolue. J’étais dans l’erreur et absolument pas dans le détachement.
L’autre est libre
de prendre ou de laisser,
d’aimer ou de ne pas aimer
ce que je suis, dis ou enseigne
Je suis d’autant plus performant que je ne suis plus dans le pouvoir… Et en étant totalement libre moi-même et sans aucune attente, l’autre en face le devient aussi.
Un message à faire passer aux lecteurs en quête du luxe d’être soi ?
Malgré ce que je viens de dire juste avant, oui ! Je voudrais faire partager un message primordial pour moi, c’est le secret de la vie, le secret du bonheur, et c’est ce qui me permet d’être moi : rien n’est stable.
Rien, mais vraiment RIEN n’est stable dans la vie. Tout change, tout évolue, tout apparaît et disparaît, les émotions tristes ou joyeuses, les sentiments, l’amour, tout passe avec le temps, avec la vie.
J’ai vraiment compris cela, lorsqu’un jour, je n’ai pas pu me souvenir du visage de ma grand mère morte depuis longtemps. L’exemple suprême, c’est l’amour ! Rencontre, passion, plaisir et puis parfois rupture, souffrance, chagrin d’amour… et puis un jour, pfff, plus rien, c’est fini et la vie reprend…
Rien n’est stable,
pour moi c’est le secret
du bonheur et je le mets
en pratique chaque jour
Ce qui me permet de vivre à fond chaque chose car tout finalement est éphémère.
Votre autoportrait en quelques mots ?
Généreux, rêveur, utopiste, optimiste et heureux.
Votre univers, c’est qui, c’est quoi ?
Qui : les autres, tous les autres, les riches, les pauvres, tous les regards croisés, toutes les mains tendues, tous les sourires partagés…
Quoi : une joie intérieure, une foi en demain, une recherche constante d’amélioration et le plaisir de donner.
Qu’est ce qui remplit votre quotidien ?
Etre prêt tout simplement à vivre ce qu’il y a à vivre, ici et maintenant. Je suis un élève de la vie.
Qu’est ce qui vous inspire de la beauté ?
La beauté est partout, il suffit de savoir et de vouloir la voir. Lorsque j’ouvre les yeux, je suis entouré de beauté, et lorsque je ferme les yeux, elle est toujours là.
Une attitude pour être heureux ?
Le lâcher-prise, rien ne nous appartient, nous sommes de passage. Pour être heureux, il faut ne pas avoir peur d’ouvrir son cœur, ne pas avoir peur tout court. Et puis aussi avoir le pouvoir de s’émerveiller.
Votre moment de bonheur absolu ?
En ce moment en train de répondre à ces questions.
Un remède pour chasser le stress ou la tristesse ?
Il n’y a pas de remède pour cela, mais plutôt un état de conscience. Je reprends toujours ma règle de vie : rien n’est stable, donc il suffit de comprendre qu’après le stress viendra autre chose, et qu’après la tristesse viendra la joie, donc tout va bien… et vive la vie !
Le comble de l’élégance selon vous ?
Pouvoir être le plus souvent possible en total accord avec ses pensées, ses dires et ses actions. Si l’on dit ce que l’on pense et si l’on fait ce que l’on dit, alors nous sommes toujours dans l’élégance humaine.
Votre éthique, vous la placez où ?
Tous les soirs, je me pose toujours les 2 mêmes questions :
– As-tu été juste avec toi-même et avec les autres ?
– As-tu fait souffrir quelqu’un ?
Votre dernière folie ?
Ce matin en me levant, wouaaaa… sublime journée en perspective !
Des mots qui font écho en vous ?
Les petits mots du quotidien : bonjour, merci, comment vas-tu, bonne journée….
Le luxe d’être soi,
c’est quoi selon vous ?
Deux mots : oser et choisir
ou bien oser choisir.
Le plus grand luxe dans la vie
est celui de pouvoir choisir
Choisir d’être soi, choisir d’aimer, qui, quand, comment, choisir son travail, choisir avec qui travailler et surtout avec qui l’on ne veut pas travailler, choisir ses amis, choisir de dire oui, mais aussi de dire non… et puis ensuite OSER assumer ses choix.
Si c’était une couleur ? Toutes les nuances de bleu, du ciel à la mer.
Un son ? Le bruit d’une cour de récréation.
Une odeur ? Celui d’un bon gros poulet qui dore dans le four… Cela me rappelle ma maman, et donc l’odeur de l’amour.
Un goût ? Celui de la découverte.
Une personne ? Gandhi, apôtre de la non violence.
Une sensation ? D’être là, à la place où je dois être…
© Photos Maia Seychelles
24 réponses
J’adore cet interview, tres inspirant, ca va m’aider à me retrouver… Merci
Quel beau portrait ! en effet tu avais raison Celine. Je suis fan de ce genre de profil !
Merci Georges d’avoir accepte de jouer le jeu de l’interview (la miennne a été diffuse il y a quelques jours).
Maintenant j’ai comme l’impression qu’on DOIT se rencontrer !!
Une belle leçon d’humilité et de Vie :)…et puis ça donne envie d’aller aux Seychelles!!
excellente interview
et…..
QUEL PERSONNAGE
CE MONSIEUR
Bravo & Merci =)
rached
Bonjour, je viens de découvrir votre blog et souhaite simplement vous remercier de toutes ces magnifiques rencontres et voyages que vous nous offrez.
Haut les Coeurs !!!
et encore merci
Pierre
Merci Pierre et bienvenu, vous êtes ici chez vous !!
J’aime vraiment beaucoup sa philosophie, il respire la sérénité ! Quelles belles images aussi !