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La terre, le ciel & nous

Être soi sur le marché du travail

pierre-denier

Non, on n’a pas besoin de rentrer dans un moule
pour plaire à une entreprise !
Il est temps de créer la rupture !

 
Si être soi en entreprise n’est pas une mince affaire, être soi quand on est sur le marché du travail peut ressembler à un parcours du combattant.
Pourtant, il y a des recruteurs comme Pierre Denier, Directeur des Ventes Internationales qui consacre son temps libre à l’accompagnement des demandeurs d’emploi – notamment par le biais de son génial blog Haut les Coeurs !!! – qui pensent que la réussite d’une entreprise ne peut passer que par un recrutement qui s’attache à la valeur humaine plus qu’aux compétences.
Parce que des gens qui sont eux-mêmes, sans être lissés ni gommés dans leurs aspérités, ça fait des employés mieux dans leur tête, qui sont davantage force de propositions et de développement pour l’entreprise qui les emploie.
On cherche toujours à “faire la différence” quand on cherche du travail : avoir les meilleurs diplômes, le parcours le plus lisse, les références les plus prestigieuses…

Pierre Denier pense
que la vraie différence
c’est d’être soi-même.
Et de l’assumer !

J’inaugure aujourd’hui un nouveau type de Rencontres, axé autour d’une problématique professionnelle, avec une interview d’un expert dont la vision complète la mienne.
 
Pierre, qui êtes-vous, que faites-vous dans la vie et pourquoi ce blog Haut les coeurs !!! ?
 
Je suis Directeur des Ventes Internationales chez Lippi Fencing Solutions, une PME charentaise qui vend de la sécurisation de haut niveau. Depuis 20 ans, j’exerce dans la vente, le management et le commerce international et mes fonctions m’ont naturellement amené à faire du recrutement.
Plus qu’à la vente et au recrutement pur et dur, je crois à la participation à un effort collectif, qui créé de l’engagement et qui donne du relief au travail.
Mon expérience du recrutement face à des candidats très mal à l’aise et complexés par leurs parcours, et ma capacité à voir le positif chez une personne, plutôt que le négatif, m’ont conduit à créer le blog Haut les Coeurs !!!, comme une réponse à un énorme besoin.

Non, on n’a pas besoin de rentrer dans un moule pour “plaire” à une entreprise ! J’aime les parcours, comprendre les gens, leur parler, les écouter, les rencontrer. Mon blog a une utilité sociale plus que capitaliste : il me fallait aider les gens en difficulté.

A force de questions sur les CV, j’ai voulu y apporter des réponses. Et des pistes d’amélioration : qu’est-ce que chacun peut mettre en place pour lui-même sans recette miracle ? Je souhaite que chaque candidat à l’emploi puisse être amené à réfléchir sur sa propre cohérence, malgré les zigzags de son parcours. Y trouver une colonne vertébrale, assumer ses choix et les revendiquer, et arrêter de voir le recrutement de façon binaire.

J’entends souvent “Ce que
je fais n’a rien d’exceptionnel” :
mais tout est exceptionnel
chez chacun !

 
J’aime beaucoup votre approche très humaine du monde du travail. En quoi justement pensez-vous apporter une différence par rapport à tous les blogs de conseil en recrutement (et par extension en management) ?
 
D’abord l’idée qu’on ne se vend pas soi, mais qu’on doit mettre en avant ce que l’on peut apporter à une entreprise. Il y a une nuance importante. Les cabinets RH s’attachent plus au côté technique qu’au côté humain, alors que la personnalité est primordiale, avant même les compétences.
J’essaie de valoriser chaque candidature, chaque parcours, et cela n’a rien d’évident pour des candidats à l’emploi, période plutôt fragile émotionnellement. Je sais que ce n’est pas facile à vivre et mon blog apporte aussi des conseils d’attitude, d’engagement, d’enthousiasme.
J’apporte les conseils que je donne à mes équipes commerciales :
• valoriser son parcours et ses compétences
• refuser la soumission
• prendre conscience de ce que l’on est sans avoir à crier qu’on est le plus fort !
• avoir conscience de la manière dont on peut répondre à une problématique d’entreprise.
La candidature c’est tout sauf de l’improvisation et de l’automatisation : de quoi a besoin l’entreprise ? Il est indispensable de cibler sa démarche : je sais à qui j’écris, pourquoi je lui écris et ce que je peux lui apporter.
Il est aussi important de savoir que dans un parcours on ne parle qu’au passé, alors que l’entreprise est dans le futur ! Se créé alors un problème de timing et de dialogue, qui a peu de chances de mener à la réussite.

J’incite toujours à se mettre
dans une position d’offre
et non de demande

Se présenter non pas comme un demandeur d’emploi,  mais comme un prestataire de services. Cela se travaille !
 
Etre soi sur le marché du travail aujourd’hui, pensez-vous que ce soit un luxe ou une nécessité ? Pourquoi ?
 
Je dirais que c’est une nécessité vitale ET absolue ! On ne peut plus avoir des entreprises aseptisées, on doit créer de l’engagement et de la cohésion ! Car c’est la somme des petits “sois” qui va créer la belle aventure collective qu’est l’entreprise.
Il est important de se poser la question : dans quelle société on veut vivre ? Il y a des tas d’entreprises qui fonctionnent et qui réussissent dans un climat de travail de stress, de pression, de standarisation…
Et pourtant il y a en a aussi de plus en plus qui fonctionnent très bien en valorisant l’humain, tout est question de savoir dans quel environnement on veut vivre.
Etre soi dans une entreprise qui fonctionne et qui valorise l’humain, c’est possible !

Je crois beaucoup à la création
de valeur sociale, qui passe
par l’obligation d’être soi


 
A niveau égal et compétences similaires, qu’est-ce qui fait la différence chez un candidat à l’emploi ?

 
Une valeur fondamentale : l’enthousiasme ! Ce qui signifie être bien dans ses baskets, assumer ce que l’on est plutôt que chercher à l’effacer ! Prendre de conscience de ce que l’on est, de ce que l’on peut apporter, de toute sa richesse humaine, et ce n’est pas seulement une attitude de “jeunesse”.
C’est avant tout un état d’esprit d’ouverture au monde, avec l’engagement et la volonté qui en découlent. Ce sont des notions complexes et pourtant chargées de sens : croire en l’avenir, croire en soi, être suffisamment combatif pour étancher son besoin de justice, tout en étant toujours complètement à l’écoute du monde qui nous entoure.
 
Quelles erreurs reviennent souvent en terme d’attitude et d’image chez les candidats ? Avez-vous des conseils à donner en ce sens ?
 
Je parlerais de posture plutôt que d’erreurs : une erreur pour l’un n’est pas forcément une erreur pour l’autre. Je dirais que la principale c’est la soumission au recruteur, parce que l’enjeu est important. Quand on se dit “Il me faut absolument ce job pour vivre”, et c’est normal, on occulte la notion d’échange d’objectifs communs.
Il ne faut pas oublier que l’entreprise est également là pour répondre à l’objectif du candidat. Il faut savoir être force de propositions et ne pas attendre passivement qu’on vous choisisse vous ou un autre.
Je dirais que le recrutement est avant tout un échange plus qu’un interrogatoire. Beaucoup de candidats stressés se disent d’emblée “je vais en prendre plein la poire” : dites vous plutôt “vivement l’entretien pour que je puisse dire et montrer qui je suis !”.
Ayez hâte d’échanger plutôt que d’avoir hâte que l’entretien se termine. Chacun a un potentiel extraordinaire et on pense hélas toujours à ce qu’on a de négatif en soi et en son parcours. Il est surtout important de ne pas se faire une montagne d’un accident de parcours (licenciement par exemple).
Comment le justifier ? Ne cherchez pas à le justifier justement. Mais plutôt à l’assumer parce que cela répond à un contexte, à une actualité de l’époque : voilà ce qui m’est arrivé, voilà ce que j’en ai fais, comment j’ai rebondi.

L’important ce n’est pas
la hauteur de la chute,
c’est la hauteur du rebond

Quel enseignement j’en tire ?
Quelles actions je mets en place ?
On n’est pas responsable de la chute,
on n’est QUE responsable du rebond
.
Qu’est-ce que je fais de mes erreurs et de mes échecs ?
Il faut savoir mettre la lumière sur ce qu’on maîtrise : le rebond.
 
Alors comment cultiver le luxe d’être soi quand on recherche du travail et qu’on a justement peu confiance en soi et en l’avenir ?
 
On est dans une société qui recherche de la valeur, mais qu’est-ce qui se cache derrière ce mot ? C’est notre capacité à recevoir et à accueillir. Le luxe d’être soi, c’est d’ouvrir les yeux et de s’intéresser à ce qui se passe autour de soi plutôt qu’à soi uniquement. Parce que s’intéresser aux gens fait gagner en sagesse.
Quand on ne s’intéresse pas aux gens, on ne voit que leurs défauts. Quand on s’y intéresse, on voit leurs qualités, leurs parcours, leurs reliefs et c’est de par le dialogue que naît le partage et l’avancement sur soi. C’est important pour pouvoir se comparer dans le bon sens.
On se positionne trop par rapport à ce qu’on voit dans les médias, à des gens souvent hors-norme, alors qu’il faut plutôt se comparer sainement à tout le monde, pour pouvoir cheminer soi-même et prendre conscience de la place que l’on peut prendre dans la société.
Cela demande un effort, c’est évident, mais ensuite cela devient assez naturel. Si c’est nécessaire, ne pas hésiter à se faire aider et accompagner pour avoir le réflexe de se remettre dans le droit chemin, pour réalimenter son moteur humain.

Le rôle de nous tous
dans la vie c’est d’exploser
dans le bon sens
et de rayonner !

Et je suis convaincu qu’un bon recrutement, c’est de choisir quelqu’un qui ne rentre pas dans les cases…
 

Merci Pierre !

 

Inutile de vous dire que j’adore et que j’adhère à de tels propos, même si on est d’accord que cette façon de penser est encore minoritaire ici en France. Mais je suis convaincue que de plus en plus de personnes ont envie d’aller dans ce sens, et les entreprises commencent à en prendre conscience.

L’évolution des mentalités changera tout doucement, mais c’est chacun en apportant sa pierre à l’édifice que l’on peut faire avancer cette cause.

Si vous souhaitez en savoir plus sur Pierre Denier, n’hésitez pas à le rejoindre sur les réseaux suivants :
son blog, son Twitter, sa chaîne YouTube

 

EDIT 2022.
11 ans après cette interview qui a traversé l’espace et le temps… je suis ravie de travailler avec de plus en plus d’intrapreneurs qui viennent faire bouger les lignes de leur entreprise en osant incarner qui ils sont vraiment. Le système bouge, et nous avec. Pour aller plus loin sur ces sujets, rendez-vous à l’école de création des futurs !

15 réponses

  1. Merci pour cet interview plus qu’enrichissante, ça fait du bien de lire de tels propos, constructifs et bienveillants !
    Continue !

  2. Fan de la photo et fan de “L’important n’est pas la hauteur de la chute mais la hauteur du rebond ! “…Même si cela reste encore timide dans le domaine de l’entreprise, le fait que cet état d’esprit puisse être mis en avant permet de mesurer le degré de progrès dans les mentalités ! On y arrive enfin….pourvu que la propagation soit réelle, rapide et durable !

    1. Fanny, j’ai lu récemment ces propos de Franck Riboud, PDG de Danone :
      “Nous ne parviendrons pas à recruter et à garder les meilleurs si on ne leur propose pas autre chose que de l’argent, c’est-à-dire du sens. Il faut qu’ils sachent pourquoi ils se lèvent tous les matins pour venir chez Danone”.
      La prise de conscience est en marche, mais demandera biensûr du temps !

  3. Merci Céline de m’avoir proposé ce moment privilégié d’échange, je suis ravi de constater chaque jour que de très nombreuses personnes portent en elles les mêmes projets collectifs, ceux de mettre l’humain au centre de nos vies… parce que cela ressemblerait à la société dans laquelle nous souhaitons vivre mais également à la société que nous aimerions laisser aux futures générations !
    Haut les Coeurs !!!
    … et merci 1000 fois pour ce beau moment.
    Pierre

    1. Pierre, c’est moi qui vous remercie d’avoir amené vos lumières ici et d’avoir mis, j’en suis certaine, du baume au coeur à beaucoup de gens !

  4. Très content de te retrouver ici Pierre et excellent choix d’invité de ta part Céline. Très bonne interview !
    Pierre est un être exceptionnel et vrai. C’est donc un privilège de travailler avec lui chez Lippi Fencing. Heureux collègues de travail. 🙂
    D’ailleurs Pierre, j’aime beaucoup le concept de la hauteur du rebond et je vais sans doute te voler l’idée pour écrire une histoire là-dessus. 😀
    PS : Pour la première fois de ma vie j’ai envie de m’acheter une cravate…

    1. Merci pour ton commentaire Jean-Philippe, vous êtes donc collègues de travail ? Le monde est vraiment petit, encore plus avec la puissance du web !

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