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La terre, le ciel & nous

Comment je me suis préparée pendant 1 an à ma conférence TEDx

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Photo Joanna Quélen
Article écrit sur « Save Our Soul » d’Imany

 

Votre approche quantique de la vie et de la mémoire cellulaire sonne juste.
Vous n’en faites pas quelque chose de forcément mystique,
mais plutôt d’évident, presque naturel.


Cette différence est essentielle par rapport à tout ce que j’ai pu lire
et entendre sur le sujet. Vous présentez ces sujets comme de nouveaux
outils de vie et de travail, comme un progrès, une innovation comportementale.

 
Parmi tous les retours que j’ai reçu suite à la diffusion de mon TED talk, celui-ci a été le déclencheur pour écrire cet article.
Le 16 décembre dernier, je montais sur la scène du TEDx à Lorient, prête à changer le monde en 18 minutes. J’étais tellement bien sur cette scène, que j’ai débordé de 3 minutes 🙂 Ce que peu de gens savent, c’est qu’en 21 minutes, mon monde a basculé.
Pourquoi ?
Parce que la puissance des TED talks reposent sur cette question courageuse : « S’il vous restait seulement 18 minutes à vivre, que diriez-vous au monde ? ». Je me suis donc préparée pendant un an… en me demandant ce qu’il resterait de moi si je n’étais plus là le 17 décembre 2017.
Je suis quelqu’un qui vit tout très intensément, et mon parcours est marqué par de nombreux cycles de morts et renaissances intérieurs. Encore plus depuis que la mort a propulsé ma vie en 2011.
Donc, quand j’ai passé mon « audition » le 21 décembre 2016 avec Pascal Goyet, l’organisateur du TEDxLorient et Vannes, je savais que le moment était venu de me (dé)livrer bien au-delà de tout ce que j’ai pu dire, faire, écrire jusque-là.

Le timing

En janvier 2017, je reçois avec joie la confirmation que je serai speaker sur l’une de leurs 2 éditions : TEDxVannes initialement prévu le 1er juillet, ou TEDxLorient initialement prévu le 25 novembre.
Jusqu’en avril, je ne sais pas dans quelle ville, ni à quelle date je vais intervenir. Dans ma tête, c’est à Vannes, parce que je connais la ville, parce que c’est le 1.7.2017, parce que le thème c’est « Embras(s)er les étoiles ». Sur le plan cosmique et numérologique, c’est donc parfait.
J’ai la certitude que cette place m’attend.
Sauf que l’univers – l’équipe TEDx, donc – décide autre chose pour moi : ce sera le 25 novembre (décalée ensuite au 16 décembre) à Lorient sur le thème « Aux antipodes des certitudes ».
Je suis déçue.
Au point de penser à renoncer.
Mais… si ce qu’on me demande là, c’est justement de lâcher mes certitudes ? Je suis destabilisée. Je demande des avis différents de personnes qui comptent pour moi. Une question m’envahit : « Ce n’était pas ce que j’avais prévu… j’accepte ou pas ? ».
Ma décision d’y aller me fait accepter que rien ne se passera comme prévu.
Let’s start the game, now !
Je ravale donc mon égo, et le 11 avril je m’engage pleinement à honorer cette opportunité, qui n’est censée arriver qu’une fois dans une vie… C’était sans compter le « test » quelques semaines après où l’on me propose de faire un TEDx dans une autre ville.
Mais non, ma décision est prise.
Fin juin, démarrent les coachings avec 2 membres de l’équipe, et je dois accoucher de mon « big message » : ce que je veux dire au monde en une phrase. Aïe ! J’ai tout à l’intérieur de moi, mais je ne sais pas par où commencer.
Je me connecte alors à un tatouage que je me suis fait sur la nuque en mars 2012, le jour où l’homme de ma vie d’alors aurait eu 40 ans… il est mort 8 mois avant. « Follow your bliss » : suis ta voix intérieure. Je n’ai pas décidé ce tatouage, il s’est imposé à moi.
C’est le message qu’il m’a légué.
C’est ce que j’applique à toute ma vie.
C’est celui que j’ai à coeur de transmettre.

Le courage
de se regarder en face

Fin juillet, je pars 10 jours à La Nouvelle Orléans toute seule. Un voyage R&D pour me recharger en énergies et inspirations venues d’ailleurs que mon quotidien. Au carrefour des cultures créole, américaine et française, je pense avoir l’espace-temps pour écrire ma conférence TEDx.
Ce n’est pourtant pas encore le moment d’écrire.
Car ce que je vais y vivre est une étape fondamentale de ma trajectoire : une re-connexion puissante à ma dimension chamanique. L’acceptation viscérale et absolue que si j’ai accès à ce monde un-visible, c’est pour ouvrir la Voie et la Voix à grande échelle.
De ce séjour, j’ai fait une vidéo passée quasiment inaperçue, mais les personnes qui me captent y ont décelé ce que je porte au plus profond de moi et ma façon très singulière de faire passer mes messages : peu de mots, une musicalité forte, une captation de l’insaisissable.
 

 
J’ai envie de donner cette vibration et cette pulsation unique sur scène.
Mais je ne sais pas comment faire.
Je ne suis pas une show-woman, je ne suis pas démonstrative, je ne sais pas faire semblant. Et je comprends finalement que toute ma puissance, elle est à cet endroit-là très précisément.
Le 28 août, je démarre un accompagnement de haute voltige avec Corinne Rocca, coach en identité vocale et scénique, déjà à l’origine de mes premières prises de parole en public en 2012. À l’époque je l’avais prévenue que le jour où je ferai un TEDx, je referai appel à elle !
Je connais sa capacité à gratter derrière ma façade.
Je ne veux qu’elle.
Je la fais venir de Paris.
Première session de travail à mon bureau : je lui ouvre la porte tout sourire avec aux pieds mes magnifiques chaussures Manolo Blahnik, qui attendent bien sagement « leur heure » depuis 4 ans 🙂
Réaction immédiate de sa part : « Alors ces chaussures, tu oublies tout de suite. Ton côté luxe et cosmétiques, tu dégages tout ça. Ton business, je m’en fous. Ce que je veux savoir, c’est qui tu es toi sans tes certitudes. Si tu acceptes d’être vue et entendue dans ton entièreté sans tous tes filtres, alors on aura réussi ce qu’on a à faire ensemble. ».
Le décor était posé.
Juste après son départ, je suis à 2 doigts d’appeler l’organisation TEDxLorient pour leur dire « Nan mais en fait… j’arrête là ».
Le lendemain, j’ai l’intro de mon talk.

Le corps

Je me connais très bien : je sais que je manque de souffle et que quand je ne suis pas à l’aise, en bonne introvertie que je suis, mon corps se contracte et se renferme. Hors de question d’être pénalisée par ça le jour J.
J’engage donc un coach sportif, Alexandre Bernardie, à raison de 2 x 1 heure par semaine jusqu’au 15 décembre, pour gagner en souffle, en ouverture, en puissance.
Au bout de quelques séances avec lui, illumination. Je veux aller au bout de mon dépouillement et de ma transmission jusqu’à la dernière seconde de mon talk. Je suis prête à me détacher d’un bien matériel ultra précieux, qui m’a coûté 700$.
Le processus “Aux antipodes de mes certitudes” est bel et bien en marche.
Mi-septembre, j’ai la fin de mon talk.
Ok, maintenant il me reste 17 minutes à construire.
Je commence par où ?!
Corinne me fait travailler uniquement en audio, sur dictaphone. Moi qui préfère écrire, ça tombe bien, ça m’oblige encore à sortir de ce que je crois être, savoir faire, pouvoir dire. Cet exercice est extrêmement intéressant car il me permet de me connecter à mes émotions profondes pour privilégier le travail de « ma petite voix intérieure ».
Elle me fait également choisir des musiques pour identifier la tonalité vocale et vibratoire que je veux donner à mon TED talk. Mes cellules commencent à s’harmoniser entre elles pour me faire accoucher de mes mots.

Les mots

3 défis de taille se présentent à moi :

  • Rendre accessible et concret mon sujet à une majorité de gens pour qui l’intuition est totalement impalpable
  • Extraire la substantifique moëlle de mon parcours sans m’attarder sur les détails
  • Trouver le juste équilibre entre le Je, le Vous et le Nous

 

En octobre, je passe de l’audio à l’écrit avec 6 versions de mon texte, qui à chaque fois évolue parce que je me dois de passer de mon histoire personnelle… à mon message universel.
Mes coachs TEDx, Elise Le Pallabre et Valérie Gaudin, sont d’une patience infinie pour m’amener au plus juste de ce que je suis. Elles sont également exigeantes, ce que j’apprécie grandement, parce qu’elles savent que je veux avoir l’étoffe d’un talk qui marque un Avant-Après pour le public.
Avec le travail avec Corinne Rocca en parallèle, le fond de mon texte commence à prendre forme.
Le 10 novembre, je fais un aller-retour express à Lorient pour la répétition générale. Et là… je me rends compte que le plus gros du boulot qu’il me reste à faire, c’est passer d’un texte ultra travaillé à l’écrit à… un texte ultra naturel à l’oral.
Le gap est immense.
Mon texte est plat, fade, sans relief – de mon point de vue.
Mon corps ne s’est pas encore harmonisé avec ma voix.
Je décide alors dans les 3 semaines qui suivent d’avancer seule de mon côté, sans aucun feedback, pour trouver mon point d’équilibre entre ce que je suis à l’intérieur et ce que je donne à l’extérieur.

Le silence

Pendant 3 semaines, tous les matins, le long de mes 40 minutes de marche pour aller de ma maison à mon bureau, je construis oralement mon talk, avec l’objectif de faire 2 versions de 20 minutes par jour.
Je lâche complètement mon texte écrit.
Je teste chaque mot, chaque virgule, chaque silence pour voir si ça résonne juste entre ma voix et mon corps. On me prend sûrement pour une illuminée dans les rues de Bordeaux, j’assume totalement !
En parallèle, mon coach sportif intensifie les séances : on démarre à chaque fois avec « 18 minutes de cardio pour changer le monde ». Il me fait soulever des poids, enjamber des obstacles, marcher les yeux fermés avec mes talons de 12 cm.
Je puise dans mes ressources les plus profondes pour accepter toute cette “mise à nu”. Je pense plusieurs fois à abandonner parce que ça me met face à toutes mes fragilités.
À chaque fois, je tiens bon en gardant en ligne de mire l’engagement que j’ai pris vis-à-vis de l’équipe TEDx… et de moi m’aime. Je sais que plus je serai au cœur du cœur de ce que je suis, plus le message passera.
Il y a un passage de mon talk qui est crucial pour moi et pour le public : celui où, pendant 4 minutes, je parle de la mort.
Celui-ci n’a jamais été écrit.
C’est le soir avant de m’endormir que j’assemble ces mots les uns après les autres.
Je ne veux pas tomber dans le pathos, je ne veux pas rentrer dans le détail de ce que j’ai vécu. Mais évoquer clairement ce que ça a profondément fait bouger en moi.
Cette nuance est subtile… et déterminante.
Je sais que si je réussis ces 4 minutes sans être étranglée par l’émotion, je lâche ce qu’il y a de plus lourd en moi et je rentre dans une toute autre dimension.

L’espace

Le 28 novembre, mon texte est bouclé.
Sur le conseil d’une cliente, je décide de finaliser mon talk avec une personne qui ne me connaît pas, que je ne connais pas, et qui peut me donner son feedback pro en direct live.
Ce sera Alice Hachet, comédienne et prof de théâtre sur Bordeaux. En 2 sessions de 2 heures, elle m’aide à trouver le ton, la posture et la place dans l’espace qui me correspondent totalement.
Un travail d’orfèvre qui me met en joie et en grande confiance pour le jour J. Moi qui me demandait ce que j’allais faire de mon corps et de mes mains une fois sur scène, la question ne se pose même plus.
C’est l’intention qui fait tout le travail.
Pour ma part : aimer et transmettre.
Mon coach sportif m’offre une séance de méditation et relaxation 2 jours avant. Je peaufine avec Elise et Valérie les derniers détails qui ont toute leur importance. Ma tenue et mon make up sont déjà choisis avec Sylvie Estrade, styliste personnelle, depuis 2 mois.
Sobriété, élégance, percutance: tels étaient mes mots-clés durant toute ma préparation. Chacun a su m’amener exactement là où je voulais aller.

La lumière

Le jour J, j’applique ce conseil génial que Youmna Tarazi, qui a fait un TEDx à Toulouse quelques mois avant, m’a donné sur Instagram :
« Ne cherche pas tes mots, cherche l’expérience.
Oublie ton texte si ce n’est déjà fait…
Et concentre-toi sur la connexion avec ton public. »

And then… magic happened.
 

 

23 réponses

  1. Wahou bravo pour cette belle leçon de vie et toute cette inspiration ! Merci pour tous ces mots qui font du bien !

  2. J’ai rencontré une personne lors d’un stage, il y a que quelques jours. Elle aussi va faire un tdex et en te lisant, je me disais “je vais lui partager tes mots, ta préparation et toi”. Et puis tu finis par “tout se transmet”. Alors sache que ce sera fait au dela de moi, lectrice. Merci Céline.

  3. Flânage sans hasard ce matin, pour continuer de m’imprégner de l’invisible. Ce texte est magnifique et montre la voie à suivre, pour qu’un rêve s’incarne dans le réel. Merci Céline, de votre entrée dans mon univers :).

  4. Bonjour Céline,
    J’ai beaucoup aimé ta conférence, ton retour sur ta préparation (comme quoi tout cela ne s’improvise pas mais demande de l’investissement en temps et efforts pendant plusieurs mois avant (et afin) … de tout lâcher et d’être pleinement soi-même sur scène).
    J’ai beaucoup aimé la musique que tu utilises dans ta vidéo! J’ai trouvé l’auteur grâce à Shazam (je le donne à d’éventuels autres fans qui ne sauraient pas retrouver une musique) Truth de Faada Freddy.

  5. Bonjour Céline,
    Je découvre tardivement votre conférence bouleversante, et me voilà quelques minutes plus tard à chercher comment vous dire merci… Vos mots sont incroyablement puissants et “réveillent”, créent les bons questionnements, et donnent l’impulsion d’avancer sur la voie/voix de notre intuition…
    Alors… merci !!

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